La structuration du métier du detailing et des entreprises du secteur - Interview Armand L

Tours, 15 mai 2022 – Le Salon du Detailing de Tours marque un tournant pour la profession. Pour la première fois en France, un événement réunit des centaines de professionnels, fournisseurs et passionnés du nettoyage automobile haut de gamme. Entre démonstrations de polissage, tests de nouveaux produits et échanges entre entrepreneurs, une question se pose : comment structurer et organiser ce métier en pleine expansion ?

Sophie Garnier, journaliste pour Le Journal du Detailing, s’entretient avec Armand Lospied, entrepreneur et acteur clé de la reconnaissance du detailing en France. Son objectif : structurer le métier pour lui donner un cadre officiel, une reconnaissance institutionnelle et une dynamique de croissance pérenne.

Interview Salon Du Detailing Tours 2022

Sophie Garnier : Armand, ce salon montre bien l’engouement grandissant pour le detailing en France. On voit beaucoup de petites entreprises récentes. Pourquoi, selon vous, est-il crucial de structurer ce métier aujourd’hui ?

Armand Lospied : Ce que l’on voit ici est incroyable : il y a dix ans, le detailing était encore confidentiel en France, et aujourd’hui, nous avons un salon dédié, des entrepreneurs motivés et un marché en pleine évolution.

Mais avec cette croissance rapide vient un besoin fondamental : se structurer. Un métier sans cadre clair, sans normes de qualité, sans reconnaissance officielle reste fragile. Actuellement, beaucoup d’entrepreneurs travaillent seuls, sans ligne directrice commune. Cela crée une grande disparité de pratiques, de tarifs et de niveaux de service.

Structurer le métier, c’est :

  1. Définir ce qu’est le detailing et ses standards de qualité.
  2. Mettre en place une charte professionnelle garantissant un niveau d’exigence commun.
  3. Créer une fédération ou une association pour représenter le secteur auprès des institutions et du public.

En clair, il faut passer d’un métier artisanal dispersé à une communauté structurée avec une voix collective.

Sophie Garnier : Concrètement, quelles sont les premières étapes à mettre en place ? Est-ce déjà en cours ?

Armand Lospied : Oui, nous avançons déjà sur plusieurs initiatives. Hier, une table ronde avec des formateurs, des fournisseurs et des professionnels a mis en évidence trois priorités :

  1. Créer une Charte du Detailer, un référentiel de bonnes pratiques pour harmoniser les prestations, garantir la satisfaction client et intégrer des engagements écoresponsables (gestion des déchets chimiques, économies d’eau, etc.).
  2. Mettre en place une fédération, capable de négocier avec les assurances, les institutions financières et les organismes de formation pour sécuriser et faire évoluer la profession.
  3. Développer des formations reconnues et certifiantes, afin d’assurer une montée en compétences continue et une meilleure employabilité des detailers.

Nous avons déjà initié une certification RS, et l’objectif à terme serait d’obtenir une reconnaissance du detailing comme métier artisanal à part entière.

Sophie Garnier : Vous parlez de formation et de certification. Pourquoi est-ce un levier essentiel pour la structuration du métier ?

Armand Lospied : Parce que sans formation qualifiante ou certifiante, un métier ne peut pas être pris au sérieux. Pendant longtemps, le detailing s’apprenait en autodidacte ou via des tutoriels, sans validation officielle des compétences.

Aujourd’hui, nous avons le RS5956 pour le polissage et préparons le dépot d'un RS pour le lavage automobile, qui sont des premières pierres vers une reconnaissance complète du métier. Mais il faut aller plus loin : intégrer ces formations dans des parcours de formation initiale (CAP, Bac Pro), et surtout, sensibiliser les entreprises automobiles à l’importance de recruter des professionnels formés.

Une certification, c’est un gage de qualité pour le client, une garantie d’employabilité pour le professionnel et un moyen de crédibiliser toute une filière.

Sophie Garnier : La structuration passe aussi par la gestion d’entreprise. Quels sont les défis que rencontrent les entrepreneurs du detailing ?

Armand Lospied : Beaucoup de detailers sont d’excellents techniciens, mais ils se retrouvent seuls face aux réalités de la gestion d’une entreprise.

L’un des objectifs de la structuration du secteur, c’est d’aider ces entrepreneurs à mieux gérer leurs activités. On pourrait créer des guides pratiques, des modèles de devis et de factures adaptés au detailing, ou encore des formations en gestion financière et marketing.

Un autre axe intéressant serait un groupement d’achats, qui permettrait de négocier de meilleurs tarifs sur les produits et équipements. Quand on est isolé, on paie toujours plus cher ; en mutualisant nos besoins, nous devenons plus compétitifs et plus rentables.

Sophie Garnier : Comment une structuration du métier peut-elle améliorer sa reconnaissance auprès du grand public ?

Armand Lospied : L’enjeu principal, c’est l’éducation du client. Aujourd’hui, beaucoup de gens ne font pas la différence entre un lavage classique et un detailing professionnel.

Nous devons communiquer sur la valeur ajoutée du detailing, sur son rôle dans la préservation esthétique et financière d’un véhicule.

Une association nationale pourrait mettre en place un label qualité, un peu comme le label des artisans garagistes. Imagine un logo « Detailing Qualité France » affiché sur les ateliers des professionnels respectant des standards précis. Cela donnerait confiance aux clients et crédibiliserait encore plus notre métier.

Sophie Garnier : Ce projet de structuration est ambitieux. Qu’est-ce que cela représente pour vous personnellement ?

Armand Lospied : C’est une aventure passionnante. Quand j’ai commencé, je me sentais seul, et aujourd’hui, je vois une vraie communauté émerger. Les personnes qui ont mis en place et organisé ce salon sont des acteurs qui partagent nos valeurs et notre vision. 

Contribuer à fédérer ces professionnels, leur donner des outils pour réussir, c’est un défi motivant. Et au-delà du business, il y a une dimension humaine incroyable : voir des entrepreneurs de toute la France échanger leurs expériences, s’entraider, c’est une vraie fierté.

À terme, si le detailing devient une filière reconnue avec ses propres formations, labels et événements, alors j’aurai l’impression d’avoir réellement apporté ma pierre à l’édifice.

Sophie Garnier : On sent votre engagement et celui de toute la communauté ici. Merci Armand pour cet échange passionnant. Nous suivrons de près l’évolution de ce projet.

Armand Lospied : Merci à vous ! Ce genre de médias spécialisés joue un rôle clé dans la structuration du métier. Maintenant, je file voir une démonstration de covering sur la BMW là-bas – on n’arrête jamais d’apprendre ! 

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